Enquête EuroCité sur les militants du PSE

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EuroCité a conduit une enquête pilote sur le profil sociologique et politique des militants du PSE pendant la Convention du PSE « Re: new » organisée à Bruxelles les 25 et 26 novembre 2011. Cette initiative, facilitée par le PSE, avait pour but d’offrir au parti des données qualitatives ainsi que des retours sur l’expérience des militants. Dans ce contexte, EuroCité nourrit le projet d’analyser en détail le lien entre les niveaux européen et locaux d’élaboration des décisions politiques, un lien que les militants du PSE incarnent et renforcent par leur expérience. De ce point de vue, cette enquête est un premier pas, qui tend à identifier les champs et les questions pertinents en vue d’un approfondissement entre 2012 et les prochaines élections européennes en 2014. Il faut noter que le projet tout entier fait partie du travail général et des réflexions d’EuroCité sur le futur et l’identité de la social-démocratie européenne, y compris l’analyse électorale.

La teneur et les objectifs de l’enquête ont été définis par l’antenne bruxelloise d’EuroCité sur la base d’un échange avec les assistants du PSE en charge des relations avec les militants (Terence Conolly et Laure Delcroix).

Dès le début, un consensus a été acquis pour considérer que la Convention PSE de novembre 2011 constituait une opportunité unique de rencontrer des militants du PSE mobilisés, venant d’autant d’Etats membres de l’UE et de partis membres que possible. La participation de plusieurs membres de l’équipe d’EuroCité a permis de déployer les ressources humaines nécessaires à l’utilisation du potentiel de l’évènement, en multipliant les entretiens avec les militants.

Pour préparer les entretiens, EuroCité a élaboré un questionnaire unique abordant plusieurs questions : les caractéristiques sociologiques et démographiques des personnes interviewées et leur affiliation partisane ainsi que leur expérience en tant que militants du PSE, quelques indications de base concernant leurs opinions politiques, leur positionnement dans l’articulation entre les partis européen et national ainsi que leur positionnement au sein des deux types de structures, leur appréciation des processus de prise de décision, et enfin leurs attentes et leur engagement concernant les défis et les configurations de campagne à venir.

Les ressources engagées pour la réalisation de l’enquête étaient limitées, la préparation des questionnaires et les entretiens ayant été conduits par des volontaires ne disposant pas d’une expérience importante en sociologie. C’est pourquoi EuroCité et le PSE se sont mis d’accord pour que l’enquête soit considérée comme une expérience pilote qualitative, conçue pour identifier les champs pertinents pour une recherche plus professionnelle. Il y a également accord sur le fait que les résultats du sondage ne doivent pas être interprétés de manière quantitative. En effet, l’échantillonnage ne permet pas aux données collectées de prendre une valeur statistique, à la fois du fait du nombre de répondants et du fait qu’il n’était pas possible de s’assurer que ceux-ci étaient totalement représentatifs des militants du PSE.

En bref, il n’est pas dans notre intention de considérer les résultats de cette enquête comme fournissant une cartographie précise du rôle et de l’importance des militants européens dans leurs contextes locaux et nationaux. Ce travail représente bien plutôt une occasion qualitative pour écouter des militants engagés, prêts à partager leur temps et leur expérience, et ce dans le but d’identifier les domaines clefs dans lesquels EuroCité, en entreprenant des recherches plus scientifiques, pourrait aider le PSE à améliorer sa connaissance de ses propres militants, et du potentiel qu’ils représentent.

Plus généralement, EuroCité espère que ce travail contribuera à déclencher, dans l’ensemble de la famille sociale-démocrate européenne, des réflexions plus approfondies sur la nature et le devenir de l’expérience du militantisme au sein du parti européen.

Les résultats de l’enquête montrent des caractéristiques intéressantes concernant le profil sociologique des militants du PSE qui faisaient partie de l’échantillon : ils viennent en majorité de pays de l’ouest de l’UE, ils ont souvent passé une année ou plus de leur vie dans d’autres pays de l’UE, et ,bien que leurs profils professionnels soient variés, une proportion significative d’entre eux travaille en lien avec la sphère politique. En moyenne, les interviewés sont militants du PSE depuis trois à quatre ans.

Concernant leurs opinions politiques, les enquêteurs ont noté qu’une très grande majorité des répondants partagent des opinions convergentes sur certaines questions cruciales comme les alliances électorales et les priorités économiques.

Concernant la position des militants du PSE dans leurs partis locaux, nationaux et européen, l’enquête a donné des résultats intéressants quant à leurs perceptions et à leurs actions, sans pour autant réussir à dégager de tendance dominante. Cependant, sur plusieurs questions comme l’importance donnée aux militants PSE dans les réunions locales ou les obstacles rencontrés au sein des partis nationaux pour défendre des messages européens, les militants du PSE semblent partager un diagnostic commun, ce qui pourrait indiquer qu’une recherche approfondie sur la base de leur expérience serait utile.

Le profil des répondants

Dans cette partie, les auteurs de l’enquête exposent quelques données sur le profil des répondants. Clarifier ce profil illustre les limites de la méthodologie choisie, et la manière dont les données présentées dans cet article peuvent néanmoins aider à identifier des champs prioritaires pour des recherches plus approfondies, bien qu’elles ne soient pas nécessairement complètement représentatives de l’ensemble des militants du PSE.

Le nombre total d’interviewés était de 27, provenant de 11 États membres de l’UE et de 12 partis membres du PSE1. 14 d’entre eux venaient d’une capitale (banlieues incluses).

De plus, les auteurs de l’enquête ont identifié les éléments suivants :

  • Les répondants avaient 34,5 ans en moyenne.
  • 18 répondants étaient des hommes, et 9 des femmes.
  • Presque la moitié des répondants (13 sur 27) étaient membres d’un « City Group » de militants du PSE.
  • Professionnellement parlant, le groupe le plus important était celui des étudiants (7). Au moins 5 répondants travaillaient en tant que conseillers politiques ou dans des projets ou structures liés à des acteurs politiques (y compris syndicats). 5 autres travaillaient dans le secteur public. Il y avait aussi 2 chercheurs/personnel académique et 2 consultants.
  • 14 répondants sur 27 avaient une expérience de vie en dehors de leur pays d’origine, en comptant ceux ayant passé des années dans un autre pays et ceux résidant hors de leur pays d’origine au moment de l’enquête. Cette proportion est particulièrement élevée, comparée à la moyenne européenne, et elle reflète vraisemblablement une situation fréquente au sein des militants.
  • Selon les répondants, ceux-ci avaient été membres du PSE en tant que militants du parti depuis 3,4 ans en moyenne.
  • 19 répondants sur 27 ont indiqué avoir été actifs, en tant que socialistes ou sociaux-démocrates, durant la campagne des élections européennes de 2009.
  • Interrogés sur le nombre d’évènements du PSE auxquels ils avaient assisté dans les deux dernières années, les répondants ont indiqué en moyenne 3,2 évènements2. Ce chiffre n’inclut pas les réponses de quatre personnes qui ont simplement indiqué « tous les évènements du PSE » (notamment du fait de leurs activités professionnelles).

En plus de ces données factuelles, il a été demandé aux répondants de décrire brièvement la principale raison qui les a poussé à devenir des militants du PSE, et de dire ce qu’ils considèrent être leur rôle de militants du PSE. Les réponses exposées ci-dessous sont un résumé des retours les plus fréquemment entendus.

D’une part, les motivations qui reviennent souvent incluent le besoin de construire ou développer un « esprit »ou une « identité » politique européens ou internationaux, y compris le besoin de ne pas voir l’UE commune une union uniquement économique. D’autres répondants ont été plus précis et ont parlé du travail qu’ils mènent dans des réseaux politiques européens structurés (comme ECOSY), ainsi que de leur volonté« d’européaniser » les partis nationaux ou de favoriser un développement de la vie politique dans un cadre et un parti européens. Finalement, un répondant a indiqué qu’il voyait un intérêt « professionnel » dans le militantisme PSE.

D’autre part, les descriptions fournies par les militants du PSE quant à leur rôle sont apparues plus diversifiées et élaborées :

  • Trois répondants ont cité la « promotion du projet européen » ou le besoin de « parler en faveur de l’UE », et un a indiqué croire que les militants du PSE devraient aussi travailler à convaincre les militants sociaux-démocrates qui sont toujours réticents à l’Europe.
  • D’autres répondants ont insisté sur la création d’un lien (ou sur la « solidarité ») entre les différents partis nationaux, et sur le renforcement d’une conscience politique européenne. Plusieurs d’entre eux ont expliqué qu’il existe un besoin de processus d’intégration entre partis nationaux en Europe, et que les militants du PSE sont en position d’établir des connexions éminemment nécessaires. Être un militant du PSE pourrait aussi les aider à développer une compréhension mutuelle des différentes structures partisanes européenne et nationales.
  • Les éléments mentionnés ci-dessus apparaissent parfois comme une condition nécessaire pour travailler sur des sujets paneuropéens avec une vision de long terme, et pour promouvoir des positions harmonisées. Certains ont mentionné leur volonté de travailler de manière pragmatique sur des politiques de l’UE. Cela va de pair avec une volonté d’être entendus, en tant que militants, et d’avoir des interactions avec les structures socialistes européennes (le PSE, les groupe S&D et socialiste au Comité des régions). Les chercheurs ont notamment entendu qu’être « politiquement inspiré » implique que ces structures prennent en compte ce que les gens pensent à la base.
  • Un répondant a été plus précis, et a indiqué qu’il considérait cela comme un élément d’un mouvement nécessaire, partant de la situation actuelle ou la prise de décision dans l’UE semble être « un simple échange entre des décideurs nationaux » et allant vers une situation où de vrais partis européens pourraient devenir les intermédiaires entre les citoyens et les décideurs. Un autre répondant a mentionné le besoin de créer des rapports de force européens entre les acteurs politiques à l’échelle de l’UE, de manière à retrouver un rôle dans la prise de décision. La même personne a indiqué que le PSE pourrait remplacer les structures partisanes nationales en ce qui concerne les politiques de la compétence de l’UE. Un autre répondant a cité le besoin de « donner un visage à l’Europe », avec la transformation du PSE en un acteur visible et connu.

Pour résumer, l’une des personnes interviewées a indiqué que le militantisme dans le parti européen lui semblait « aussi évident que le droit de vote », puisque sans conscience politique européenne, nous ne sommes capables que de réagir aux problèmes, et non pas de prendre part aux vraies prises de décision. En conséquence se dégage un sentiment général que le développement du rôle des militants du PSE devrait être poursuivi, ce qui n’exclut pas une vraie conscience de ce que leur donner un rôle décisionnel (par exemple le droit de vote sur les décisions du parti) ne serait pas facile à faire dans le cadre des structures actuelles.

Vision politique sur trois points importants

Les auteurs de l’enquête souhaitaient obtenir un aperçu de la diversité et de l’éventuelle cohérence de la vision politique des répondants. Cependant, du fait du format des entretiens, il a été décidé de se limiter à trois questions.

La première question concerne les préférences des répondants sur la question des alliances avec d’autres partis politiques. La seconde et la troisième concernent la nature des politiques dans des domaines clefs pour les sociaux-démocrates aujourd’hui : en effet, dans les cas de la crise financière actuelle en Europe, et des politiques relatives à l’environnement, le discours conservateur dominant tend à enfermer le débat dans un cadre où les politiques alternatives sont présentées comme économiquement coûteuses et inefficaces, alors que les forces progressistes débattent pour proposer des politiques différentes. Dans les deux cas, il était tentant de demander aux militants du PSE s’ils acceptaient ou rejetaient le cadre de pensée actuellement dominant.

Les préférences concernant les alliances

Avant d’interpréter le tableau ci-dessous, il faut noter que tous les alliés potentiels n’existent pas dans tous les pays. Par exemple, les partis verts ou situés à gauche du PSE sont moins présents en Europe centrale. De même, les partis libéraux et centristes n’existent pas – du moins en tant que partis disposant de groupes parlementaires – dans plusieurs pays dont l’Espagne, le Portugal ou l’Autriche. Ainsi, la sensibilité de plusieurs répondants a pu être influencée par la situation dans leur pays, indépendamment de ce qui peut sembler logique quand il s’agit de désigner des alliés possibles dans le contexte du Parlement européen.

Indiquez vos préférences en ce qui concerne la priorisation des alliances avec d’autres familles politiques :
1er choix 2ème choix 3ème choix 4ème choix
Verts 13 9 1
ALDE 1 4 2 5
GUE 11 4 3
PPE 1 7 2

Les familles politiques de la gauche et du centre-gauche viennent en premier parmi les préférences des militants. Les Verts sont vus comme le premier ou le second choix naturels par 22 répondants, et sont mentionnés par un total de 23 répondants. Pour les partis membres de la GUE, ces chiffres sont respectivement de 15 et 18, une majorité également claire. Cependant, il faut mentionner que quelques répondants ont indiqué une seule préférence, ce qui montre qu’une coalition de gauche à trois partis n’est pas une évidence pour tous les sociaux-démocrates.

Aucun répondant n’a mentionné les partis membres du PPE comme premiers alliés possibles, et un seul répondant les a désignés comme second choix. Cependant, 9 autres les ont désignés comme troisième ou quatrième choix possibles. Les libéraux-démocrates (partis membres de l’ALDE) ont été mentionnés comme alliés possibles par 12 militants. Sur ces 12 réponses, on compte une seule première préférence, 4 deuxièmes préférences et pas plus de 2 troisièmes préférences.

Relancer l’économie par des investissements publics ou par une réduction de la dette et des coupes budgétaires ?

Lors des dernières années, les partis membres du PSE, quand ils étaient au pouvoir, ont été soumis à de fortes pressions pour mettre en œuvre des coupes budgétaires afin de « sauver » l’économie – les pays d’Europe du Sud sont les exemples les plus patents de ces pays visés par les marchés car les socialistes ont gouverné en Grèce, au Portugal et en Espagne. Toutefois, dans toute l’Europe, les partis de gauche ont été sommés d’assumer des mesures d’austerité et de coupes budgétaires.

Pensez-vous que l’économie doit être relancée grâce à l’investissement public ou principalement en faisant de la reduction de la dette/ des coupes budgétaires une priorité ?
Priorité aux investissements publics 16
Investissements publics ciblés 6
Coupes ciblées 1
Priorité à la réduction de la dette et coupes budgétaires 2
“Les deux”/ NSPP 2

Il ne fait aucun doute qu’une majorité claire des militants PSE interrogés a refusé de soutenir les coupes. 22 des 27 personnes interrogées ont exprimé une préférence pour une réponse à la crise qui donnerait une priorité à l’investissement public sur les coupes budgétaires ou la reduction de la dette.

Toutefois, il convient de souligner qu’un certain nombre de personnes interrogées a donné des réponses plus élaborées, montrant ainsi une approche idéologiquement plus construite. Certains soutiens d’une solution basée sur l’investissement public croient que dans certains pays de l’UE, il existe un besoin d’un meilleur contrôle des dépenses publiques, et assurent qu’il convient de planifier ce contrôle selon les ressources réelles. Mais ils maintiennent que, dans une perspective de plus long terme, des coupes additionnelles, sont complètement inappropriées. D’autres ont insisté sur le fait que tous les investissements ne sont pas utiles.

Ces réponses nous ont poussé à mentionner « investissements publics ciblés » dans le tableau ci-dessus.

Une personne interrogée a donné des exemples de secteurs où les investissements sont nécessaires: écoles, infrastructures de transports (trains, canaux), secteurs intensément producteurs d’emplois. Une autre personne a insisté pour mentionner en même temps une croissance de l’investissement public et des secteurs dans lesquels des coupes budgétaires étaient nécessaires. Certaines personnes ont manqué de temps et d’espace pour expliquer ce que seraient, selon, les “nouveaux paradigmes” qui ne s’intégreraient pas dans les alternatives limitées dans la question. 

Priorité à un haut niveau de croissance ou à la préservation de la nature ?

 Lors des dernières années, le PSE et nombre de ses partis membres ont fait activement campagne pour la promotion d’une nouvelle « croissance verte ». Toutefois, comme le montrent différents débats au niveau national, l’idée la plus répandue est que toute priorité donnée aux politiques de protection de l’environnement a un coût économique et social. Ainsi, et tout particulièrement dans un contexte de crise, il est devenu parfois difficile de concentrer l’attention politique sur des mesures de préservation de l’environnement et de la nature tant elles pourraient être vues comme des menaces potentielles pour les entreprises et les emplois (comme l’ont montré les récents débats sur l’énergie nucléaire, sur la place de l’industrie automobile ou sur l’imposition d’une fiscalité écologique).

Est-il plus important d’atteindre un niveau de croissance supérieur ou de faire de la préservation de la nature et du développement durable la principale priorité politique, même lorsque cela implique des changements majeurs dans notre mode de vie ?
Ne croit pas que ces choix soient forcément exclusifs 8
Priorité sur la protection de la nature et de l’environnement 16
Priorité sur la croissance 3

Il semble qu’une majorité des militants du PSE interrogés a voulu donné une priorité aux objectifs de protection de la nature et de l’environnement, dans une optique de choix de long terme3. Ceci a été la réponse fournie par 16 répondants, tandis que 3 ont privilégié l’autre option.

De plus, les personnes interrogées ont fait montre d’une réelle réflexion. Un tiers d’entre elles ont refusé de choisir entre les deux propositions de la question car, selon elles, les objectifs de protection de la nature et de croissance ne sont pas mutuellement exclusifs. D’une même façon, de nombreux militants interrogés ont soutenu l’option « préservation de la nature et développement durable » en insistant sur le terme « développement durable », indicant ainsi que leur option choisie n’allait pas à l’encontre de la croissance. De manière symétrique, un des rares participants à avoir choisi l’option « croissance » a precisé que la croissance était nécessaire pour « gérer sa vie pour aujourd’hui et pour demain », ramenant ainsi le theme de la soutenabilité dans son commentaire.

De nombreuses remarques se sont focalisées sur la nécessité d’inventer un nouveau modèle de croissance basé sur des moyens différents et prenant mieux en compte les critères de soutenabilité. Selon les auteurs de ces remarques, les indicateurs utilisés par les économistes et les dirigeants devraient refléter non seulement les rémunérations du secteur privé, mais également comment les acteurs économiques dépensent et utilisent leurs ressources, y compris les ressources naturelles: pour reprendre les propos d’une des personnes interviewées, il convient de « trouver la bonne combinaison ».

Les militants PSE comme liens entre le PSE et le parti aux niveaux local, régional ou national.

D’un point de vue général, il convient de noter que la majorité des personnes interviewées se sont décrites comme des « liens » ou des « faiseurs de liens » entre les différents niveaux de prise de décision politique: européen, national et local/régional. Certains militants ont souligné que la dimension « top-down » (de l’Européen au local) était plus importante, dans leur participation au parti en tant que militants PSE, que la dimension « bottom-up » (du local à l’européen), car la faible prise en compte des enjeux européens aux niveaux national et local constituait un obstacle.

Des niveaux national / régional / local au niveau européen

Notre étude s’est focalisée sur la perception des militants du PSE en tant que liens entre les niveaux européen et local/régional de prise de décision politique.

Tout d’abord, les militants du PSE ont été interrogés sur la vision de leur rôle comme porteurs de messages, de priorités ou de préoccupations des niveaux local/régional/national au niveau européen et, en tel cas, s’ils avaient rencontré des obstacles dans ces activités. L’objectif était d’analyser si les militants se voient comme un canal de transmission de leur parti régional ou national vers le PSE (ou d’autres organisations européennes) ou vers les élus européens (députés européens, membres du Comité des régions).

Voyez-vous votre rôle comme porteur de message, de priorités ou de préoccupations des niveaux local/regional ou national vers le niveau européen ?
Oui 19
Non 7
NSPP 1

Interrogés sur le type d’actions mis en place (ou qu’ils envisagent de mettre en place) pour créer ce lien local/régional- Europe, les militants du PSE ont mentionné en priorité « faire campagne » ou « organiser des réunions et des débats avec des élus européens (députés européens) ».

Qu’ils aient ou non organisé ces actions, les personnes interrogées ont mentionné les nombreux obstacles qui les avaient empêché de porter des messages ou des préoccupations des niveaux local / régional / national au niveau européen : le manque d’implication ou de volonté dans la section locale du parti de consacrer du temps et de l’énergie pour parler des questions européennes, résultant ainsi en une distance entre les militants PSE et les militants de base. De manière similaire, certaines personnes interrogées ont mentionné le manque de temps et d’énergie pour l’organisation de débats sur les questions européennes. Un autre obstacle fréquemment évoqué par les personnes interrogées a été la structure du parti, vue comme une « bureaucratie » pesante. Certaines personnes ont mentionné les « conflits de pouvoir en interne » comme les empêchant de construire un lien entre le niveau local et européen.

Du niveau européen au niveaux local/régional/national

Dans un deuxième temps, les militants du PSE ont été interrogés sur leur rôle en tant que porteurs de messages, de priorités ou de préoccupations du niveau européen aux niveaux local / régional / national.

Voyez-vous votre rôle comme porteur de messages, de priorités ou de préoccupations du niveau européen au niveau national/régional ou local ?
Oui 20
Non 6
NSPP 1

Les actions que les militants PSE ont déclaré avoir mis en place (ou qu’ils auraient pu mettre en place) comme illustration d’un tel lien incluaient les nombreuses occasions d’échanger ou de coopérer avec les militants « traditionnels » des branches locales peu habitués à parler des enjeux européens. En pratique, cela veut dire organiser des activités sur les questions européennes ou dédier du temps, durant les réunions, pour parler de sujets européens. Certaines personnes ont également mentionné qu’elles écrivaient des articles sur l’Europe dans le journal de leur branche local (ou sur le site Internet).

Les obstacles qu’ils témoignent avoir rencontrés sont nombreux et sont similaires à ceux mentionnés en réponse à la question précédente (du niveau local/régional au niveau européen). De nombreux militants interrogés ont ainsi mentionné la mauvaise perception, parmi les militants « traditionnels » des questions européennes ou le manque d’implication claire sur l’Europe. Plus précisément, il convient de noter qu’une telle mauvaise perception n’est pas nécessairement vue comme « anti-européenne » mais seulement comme influencée par les débats nationaux et le contexte national. À cette mauvaise perception s’ajoute le manqué d’intérêt comme obstacle évoqué par les militants du PSE. De plus, certains militants du PSE ont mentionné la « difficulté de trouver des ressources (financières et humaines) pour engager des actions envers la population ».

Un autre ensemble de réponses a touché aux structures nationales du parti: les personnes interrogées ont declaré qu’il était difficile de « parler d’Europe avec le personnel du parti (au niveau national) ».

Certaines personnes interrogées ont élargi la perspective de l’analyse. Ainsi, une personne a noté que, au delà du seul PSE, « les partis nationaux ne traitent encore que peu avec les parties européens ».

Interrogés sur les solutions à mettre en œuvre pour dépasser ces obstacles dans ces deux cas de figures (du local à l’européen et de l’européen au local), les militants du PSE ont mentionné la nécessité d’allouer, au niveau du PSE (mais pas seulement) plus de ressources financières pour les militants du PSE. Nombre d’entre eux ont rappelé la nécessité d’organiser des évènements sur les questions européennes, d’organiser plus d’échanges. A cette fin, ils ont souligné la nécessité de créer un fonds spécial du PSE (ou des structures spéciales dédiées aux militants PSE), qui viserait à donner plus d’autonomie et de ressources pour les actions. Plus généralement, les militants du PSE ont déclaré que le PSE a besoin de leur faire plus confiance (à travers la mise en place de formations ou un partage plus systématique des informations). Dans une perspective de long terme, certaines personnes interrogées ont mentionné la création de circonscriptions trans-européennes (cf réponses à la question VII.b) comme une incitation pour les militants du PSE à mettre en place des actions efficaces et pour être reconnus à l’avenir.

Positionnement des militants PSE dans le parti

Pour aller plus dans le détail des différents niveaux de prise de position politique (européen, national, régional et local), les militants PSE ont été questionnés sur leur relation avec les partis nationaux, pas seulement en tant qu’organisations politiques mais aussi en tant que communautés de militants et de lieux de réflexion.

Occasions de s’exprimer

La première question était en référence à la perception des militants PSE quant à leurs occasions de s’exprimer, dans les différents niveaux d’élaboration de position politique, sur les questions relatives aux politiques européennes. Sur ce point, les réponses sont clairement divisées.

Pensez-vous que les militants PSE ont l’occasion de s’exprimer lors des débats nationaux / locaux / régionaux sur les questions européennes ?
Oui 13
Non 13
NSPP 1

De fait, les remarques faites, sur cette question, par les militants du PSE durant les interviews ont montré une claire divergence entre les partis membres. Parmi les réponses positives, il convient de noter que de nombreuses personnes interrogées ont souligné que des occasions de s’exprimer (pour les militants PSE) existaient dans des cas spécifiques : « à Bruxelles » ou « lors des élections européennes ». Un des militants a déclaré que l’occasion n’existait pas en tant que telle, mais que c’était au militant du PSE de la créer: « l’initiative de prendre la parole dans les débats sur les questions européennes doit venir des militants du PSE eux-mêmes ».

Parmi les réponses négatives, les personnes interrogées ont observé que, dans le parti, au niveau national, « il n’y a pas de lien entre les délégués au PSE et les militants PSE » et que « les militants du PSE n’existent pas[en tant que tel] dans le parti national ». Cependant, il serait intéressant de poursuivre ces recherches afin de mieux analyser les motifs invoqués par les structures nationales des partis pour négliger (ou au contraire, prendre en compte) l’existence et la valeur ajoutée des militants du PSE. Comment les militants PSE se sont-ils fait entendre et grâce à quels outils (ou quelles compétences)? Il serait utile d’analyser en détail quels partis nationaux sont vus comme « allouant plus d’occasions de s’exprimer » aux militants PSE et sur la base de quelles preuves.

Différences en termes de valeurs politiques

Interrogées sur le ressenti d’une différence de valeurs politiques, en termes de questions de politiques européennes, entre les militants nationaux (non militants du PSE) et eux, les militants PSE ont concordé, de manière massive, sur l’existence d’une telle différence.

Sur les questions européennes, sentez-vous une différences de valeurs politiques entre vous et les autres militants du parti ?
Oui 21
Non 5
NSPP 0

Les personnes interrogées ont répondu qu’elles se sentaient plus « à la recherche de consensus et de compromise tandis que les [militants nationaux] avaient une approche plus frontale ». À l’instar des réponses données sur les obstacles rencontrés lors de la construction d’un lien entre les niveaux local/régional et européen, les militants du PSE ont souligné qu’il y avait une mauvaise perception de l’Europe parmi les militants « traditionnels ». De nombreuses personnes interrogées se sont qualifiées comme plus fédéralistes, plus favorables à la solidarité européenne ou plus intéressées par les questions européennes que la moyenne des autres militants du parti.

Une personne interrogée a dit que cette mauvaise perception devait être analysée comme « faisant partie de la solution plutôt que du problème » car les « Sociaux-démocrates peuvent revenir au pouvoir au niveau national mais échouent souvent à cause de la mondialisation et de l’Europe ».

La prise de décision politique dans le parti national sur les questions européennes

Après la mauvaise perception de leurs occasions de s’exprimer et des différences de valeurs, les militants PSE ont été invités à commenter la vision européenne de leur parti national, en se focalisant sur la prise de positions officielles et l’organisation de débats en interne. Plus particulièrement, les militants du PSE ont été interrogés sur la transparence du mode de prise de décision sur les questions européennes.

Sur les questions européennes, la prise de décision de votre parti est-elle claire et transparente ?
Oui 7
Non 19
NSPP 0

Environ un tiers des personnes interrogées voient le processus de prise de décision au sein du parti national comme transparent et clair. Beaucoup de répondants ont tenu à préciser que, dans de nombreux cas, la communication des positions officielles aux militants était moins claire et transparente que le processus de prise de décision lui-même. Une fois encore, une recherche plus profonde serait ici nécessaire, afin de déterminer quelles pratiques les militants du PSE reconnaissent comme bonnes en termes de processus clair et transparent.

Invités à proposer des solutions pour améliorer cet état de fait, les militants du PSE ont évoqué le besoin de faire « plus d’échanges avec les autres leaders de partis », le besoin de disposer de personnes disponibles et possédant un intérêt pour l’Europe dans les structures nationales du parti et, lorsque ces personnes existent, de mieux communiquer. Les répondants ont également appelé à faire preuve de plus de « pédagogie » sur les sujets européens envers tous les militants du parti. Ils ont mentionné la transparence et la liberté de s’exprimer comme des facteurs clés pour rénover les structures du parti. Ils ont également souhaité que leur parti puisse« promouvoir, à tous les niveaux, des discussions sur les politiques européennes » et ont appelé les structures nationales des partis à avoir le courage de parler d’Europe dans leurs rapports aux médias, pour que l’Europe puisse être plus présente dans les débats nationaux.

Ressenti des militants PSE quant à leur position au sein du PES

Les militants PSE pensent-ils être consultés de manière appropriée ?

 Les auteurs de l’étude ont permis aux personnes interrogées de développer leurs réponses positives ou négatives. Certaines de ces personnes ont choisi de le faire.

Pensez-vous que les militants PSE sont consultés de manière appropriée (par le PSE) ?
Oui 16
Oui, mais une amélioration significative est possible 2
Non ou pas assez 9

Tandis qu’une majorité (16 sur 27) des répondants a affirmé être consultée de manière appropriée, une minorité significative (9 répondants) a déclaré le contraire. Sur la base de ces réponses, nombre des militants interrogés a développé des critiques constructives ou des idées nouvelles.

Ainsi, un des militants critiques a mentionné que les choses peuvent être rendues bien plus intéressantes si les militants PSE étaient consultés en amont des processus du PSE, afin d’être entendus sur des questions telles que le choix des campagnes à lancer – et non être consultés seulement pour faire la promotion et la distribution des campagnes une fois celles-ci décidées. Les mêmes personnes ont également mentionné la possibilité de consulter les militants avant les déclarations majeures du Conseil ou du Congrès.

Une autre personne interviewée a reconnu que les limites des consultations actuelles sont liées à l’organisation du PSE et au fait que les secrétaires internationaux des partis membres sont statutairement les principaux interlocuteurs institutionnels. Les mêmes répondants ont prudemment mentionné l’idée de nommer des porte-paroles des militants du PSE afin de s’exprimer avec plus de visibilité au nom des militants. Par exemple, les partis nationaux pourraient être encouragés à nommer des militants du PSE au sein de leurs délégations aux Conseils et aux Congrès du PSE.

Un autre répondant a mentionné la possibilité d’un travail supplémentaire sur la promotion d’initiatives de consultations afin d’impliquer les partis nationaux dans la dissémination des échanges de messages, à l’origine uniquement sur Internet, venant directement de la présidence et du secrétariat général du PSE.

Principale expérience en tant que militants du PSE

Pour mieux comprendre la perception des répondants de leur expérience en tant que militant du PSE, les auteurs de cette étude ont décidé de poser une question inspirée de la « Technique du Changement le plus marquant ». Les personnes interrogées ont été invitées à décrire leur principale expérience en tant que militants du PSE. L’idée principale était de recueilllir des témoignages issus de la base afin d’analyser ce que les personnes interrogées considéraient comme un moment clé de leur socialisation en tant que militants PSE.

Un grand nombre de militants a fait mention des réunions, comme la Convention lors de laquelle l’étude a été menée (4 réponses) ou un autre évènement majeur du PSE tel que le Conseil ou le Congrès. Parmi les Conseils mentionnés, le Conseil de Madrid a été le plus évoqué (2008, adoption du manifeste du PSE pour les élections européennes de 2009).

Certaines personnes interrogées ont choisi d’évoquer d’autres évènements organisés spécialement pour les militants, tel que le Forum des Militants de Vienne (2 réponses) ou les évènements organisés par/pour les militants pendants les années électorales (4 réponses) lors des élections européennes, des referendums sur les traités européens ou des campagnes pour les élections nationales (initiatives des partis allemand, français, hongrois et italiens). Les réponses montrent une convergence avec les réactions des répondants lorsqu’ils furent interrogés sur leurs principales motivations et la vision de leurs rôles, lorsque beaucoup avaient indiqué le besoin de développer une identité transnationale pour la famille sociale-démocrate, donnant une valeur ajoutée particulière aux militants en tant que constructeurs de solidarités et de connections.

La réponse suivante est également convergente avec les aspects précédemment évoqués: une des personnes interrogées a évoqué avec émotion le temps où son parti a mentionné pour la toute première fois les militants du PSE dans son programme fondamental. Il est indéniable que des témoignages similaires se multiplieraient si les partis prenaient des engagements dans cette direction.

Où les militants PSE se voient-ils et voient la sociale-démocratie dans les prochaines années ?

Les dernières questions de l’enquête visent à mesurer la volonté des militants de s’engager plus profondément dans le militantisme du parti européen dans les prochaines années. L’enquête propose une analyse de la possibilité d’accroître cet engagement grâce aux changements mis en place par le PSE pour envisager le moment clé de la démocratie européenne : l’élection du Parlement européen et l’élection du président de la Commission européenne. Les militants ont ainsi été invités à identifier les principaux défis posés aux sociaux-démocrates européens dans les prochaines années.

La campagne des élections européennes de 2013-2014

Notre première question visait à analyser l’engagement des personnes interviewées à participer à la prochaine campagne européenne. Les réponses sont claires : toutes les personnes ont déclaré vouloir participer, seule une a émis des doutes sur la capacité pratique d’y participer.

Serez-vous actif lors des prochaines élections européennes ?
Oui 26
Non 0
Peut être 1
Ne sait pas 0

Listes transnationales

Étant donné les obstacles auxquels est confrontée l’Union européenne pour mettre en place une réforme institutionnelle réellement démocratique, la possibilité des citoyens de voter pour des listes transnationales / trans-européennes proposées par des partis européens peut sembler une utopie. Toutefois, cette idée est soutenue par beaucoup au sein du PSE. De plus, cette idée a reçu un soutien trans-partisan au sein du Parlement européen : de nombreux députés européens sont en effet conscients de la nécessité de créer un lien plus fort entre les citoyens européens et leurs institutions afin d’augmenter leur légitimité.

Lors de la précédente mandature parlementaire (2004-2009), le Parlement européen a adopté une résolution4mentionnant que « dans la phase de réflexion sur l’avenir de l’Union européenne5, les questions suivantes doivent être examinées : […] de quelle manière les listes européennes des partis politiques européens peuvent-elles être composées pour les élections européennes, afin de faire avancer une discussion publique des politiques européennes ? ». Cette réflexion fut intégrée au rapport préparé par l’eurodéputé social-démocrate allemand Jo Leinen. Le Parlement européen avait alors continué de travailler sur le sujet, avec notamment un nouveau rapport d’initiative sur une Proposition de modification de l’Acte concernant l’élection des Députés européens au suffrage universel direct du 20 septembre 1976, préparé par le Comité des Affaires Constitutionnelles et son rapporteur, Andrew Duff, un libéral britannique.

Le rapport présenté au Comité6 en avril 2011 est particulièrement clair et propose que « 25 députés européens soient élus au titre d’une circonscription unique correspondant à l’ensemble du territoire de l’Union européenne; que les listes paneuropéennes soient composées de candidats provenant d’au moins un tiers des États et puissent garantir une représentation équitable des hommes et des femmes; que chaque électeur puisse exprimer une voix pour la liste paneuropéenne en plus de son vote pour la liste nationale ou régionale; et que les sièges soient attribués, sans seuil minimum, […] ; propose en outre qu’une autorité électorale soit établie à l’échelle de l’Union pour réguler le déroulement de l’élection et pour vérifier les pouvoirs des députés européens élus à partir de la liste paneuropéenne ; »

L’idée semble en même temps limitée (à cause du faible nombre de députés européens qui pourraient être élus dans l’unique circonscription européenne) et très ambitieuse en ceci que la création d’une telle circonscription représenterait une immense innovation. Toutefois, le Parlement a repoussé le vote en plénière jusqu’à mars 20127.

Étant donné que de tels débats sont peu mentionnés dans les médias nationaux, y compris les médias du parti, il était intéressant de connaître l’opinion des militants du PSE.

Soutiendriez-vous des listes transnationales pour les prochaines élections européennes ?
Oui 22
Non 3
Peut être 1
Ne sait pas 1

Une grande majorité des répondants a soutenu l’idée de listes transnationales. Toutefois, un certain nombre d’entre eux a également tenu à commenter sur les conditions de mise en place d’une telle proposition. Certains ont mentionné les possibles obstacles à la faisabilité du projet. Ils sont conscients, en particulier, du risque de ne pas être suivi par les électeurs et de la possibilité d’effets négatifs sur la participation en cas de faible attention dans les médias nationaux et locaux. Un soutien faible des partis nationaux est également vu comme un obstacle potentiel. Sans surprise, certains répondants ont trouvé utile de rappeler le fait que seule une partie des députés européens serait élue sur base transnationale tandis que les autres continueraient à être candidats dans leur propre pays.

Dans le même temps, de nombreux commentaires optimistes et créatifs ont été faits. Certains militants interrogés croient qu’un tel changement aiderait à stimuler l’intérêt pour cette élection et le voit comme un moyen pour exprimer une identité de citoyen européen. Cela pourrait également représenter une opportunité unique pour communiquer sur la citoyenneté européenne, rendant visible l’application de la loi électorale définie par les traités européens (le droit de voter et d’être élu dans tous les États de l’UE). Une des personnes interrogées, qui s’est décrite elle-même comme « un régionaliste convaincu », a également eu l’idée de travailler sur des listes transfrontalières dans des régions européennes où il existe des solidarités de fait et qui forment des euro-régions cohérentes (comme le Nord de la France et la zone francophone de Belgique ou la Catalogne française et espagnole). Une autre des attentes exprimées par les militants était le besoin d’insister sur les compétences européennes des candidats choisis, pour être sûr qu’ils seront choisis sur les qualités qui seront en phase avec les questions évoquées lors de l’élection européenne.

Primaires pour élire le candidat social-démocrate à la présidence de la Commission européenne

Cette proposition est un autre exemple d’initiative politique et institutionnelle promouvant le développement de la citoyenneté européenne. De fait, cette question a fait partie des débats du Conseil de novembre 2011, juste avant la Convention. En réalité, le Conseil a adopté une résolution intitulée « Choisir notre candidat commun en 2014 »8, qui décrit un processus d’élection primaire dans lequel les partis nationaux conservent dans l’organisation du vote une part d’autonomie réelle, mais loin d’être totale.

Soutiendriez-vous l’idée d’une primaire du PSE pour choisir le candidat du PSE à la présidence de la Commission européenne ?
Oui 22
Non 2
Peut être 0
Ne sait pas 3

Encore une fois, cette idée a gagné un grand soutien parmi les personnes interrogées. À l’instar de la question sur les listes transnationales, certaines personnes interrogées ont ajouté des commentaires à leurs réponses. Un des répondants s’est ainsi prononcé en faveur d’une large utilisation des primaires pour que chaque parti européen puisse élire son candidat à la présidence de la Commission.

Les quelques réponses négatives ont été appuyées par des questions intéressantes, telles que le doute que les citoyens européens soient suffisamment prêts pour comprendre ces primaires ou l’importance d’encourager les électeurs à voter pour un programme plutôt que pour une personne. À l’instar des questions soulevées concernant l’opportunité de listes transnationales, des commentaires ont également été faits sur le niveau de préparation des électeurs et des partis nationaux.

Il convient de noter que les réponses aux questions 6a et 6b montrent un haut degré de familiarité avec les débats et les positions du parti européen.

Faire campagne dans d’autres pays de l’UE

Les réponses à cette question sont cohérentes avec le fait que certaines des personnes interrogées ont mentionné une telle activité lors de la description de leur expérience la plus marquante en tant que militants PSE.

Seriez-vous prêts à faire campagne dans un autre pays membre de l’UE ?
Oui 26
Non 0
Peut être 1
Ne sait pas 0

Le haut taux de réponses positives peut être vu comme un signe d’enthousiasme. Cependant, quelques militants ont exprimé des remarques pratiques telles que l’utilité de faire campagne dans pays dont on parle la langue ou sur la nécessité d’avoir un soutien budgétaire pour organiser ces initiatives de manière utile.

Les principaux défis pour le PSE et la social-démocratie aujourd’hui

Les personnes interrogées ont eu l’opportunité de citer quelles étaient, selon eux, les principaux défis posés aux sociaux-démocrates aujourd’hui. La question a été laissée ouverte à dessein, suivant l’objectif d’EuroCité de permettre aux militants de soulever librement des préoccupations et des suggestions. Les réponses suivantes fournissent des pistes de réflexion pour une recherché ultérieure, qui pourrait être entreprise dans une optique plus ciblée.

De nombreux répondants ont clairement identifié la marginalisation de la gauche dans les institutions européennes et nationales, avec des réponses (9 d’entre elles) comme : « gagnons les élections nationales ! », « revenir au pouvoir », « parvenir à un changement de majorité », « parvenir à un leadership au Parlement européen et à la Commission européenne », « être assuré d’être entendu », « être mieux en phase avec les électeurs ». D’autres (2) ont révélé des frustrations quant au comportement des partis : « être honnête, tenir ses engagements », « revenir à la véritable sociale-démocratie ». Certains ont insisté sur le fait que les partis national et européen ont une tâche difficile par rapport à leurs adversaires politiques: dans un contexte de crise, la droite est dans son rôle naturel quand elle promeut la réduction de la dépense publique, tandis que les sociaux-démocrates doivent articuler des choix complexes avec un développement de long terme.

Pour répondre à ces difficultés, la « communication » en elle-même a été mentionnée comme un des défis clés (2), ainsi que le besoin de prioriser les sujets politiques et les mesures clés dans les messages sociaux-démocrates.

D’autres réponses (3) ont montré que les militants PSE sentent l’urgence d’un renforcement de l’identité sociale-démocrate en tant que parti politique européen, pour faire face à la montée des nationalismes et à une tendance à la concurrence entre les pays européens. Ils sentent que répondre à ces défis va avec la capacité du PSE à unifier véritablement les sociaux-démocrates dans des processus de prise de décision européenne. Ils sont conscients des différences culturelles entre les partis membres d’Europe du Nord, d’Europe Latine et d’Europe post-communiste mais ils croient qu’il s’agit là d’une raison supplémentaire pour demander une définition claire et commune des fondamentaux de la sociale-démocratie européenne.

Beaucoup de personnes interrogées (6 réponses) ont tenu à mentionner des thèmes politiques. Les réponses ont inclus l’emploi, l’égalité des chances, la sécurité sociale, l’éducation, l’intégration économique et fiscale, la politique énergétique et la croissance verte, les choix d’élargissement, voire même les relations internationales en général. Ceci doit être rapproché des propos tenus sur la nécessité de développer le parti européen en un protagoniste capable de donner un visage et un programme politique cohérent.

Enfin, certaines personnes interrogées (4 réponses) ont considéré qu’il y avait besoin de modifier l’architecture institutionnelle de l’UE ou au moins de changer l’esprit des dirigeants politiques. Les changements souhaités ont beaucoup à voir avec un changement d’une Europe inter-gouvernementale vers une Europe politiquement organisée qui serait lisible pour les citoyens et les électeurs. D’autres sont allés plus loin et ont mentionné leur souhait de voir l’UE se rapprocher d’un modèle d’État fédéral.

Notes

1 – Deux interviewés étaient membres de deux partis nationaux à la fois.

2 – La participation à la Convention de novembre 2011 était considérée comme un des évènements inclus dans la réponse, ce qui a été clairement indiqué aux personnes interviewées en cas de doute. En conséquence, les personnes qui étaient présentes à la Convention et pour qui il s’agissait de leur premier évènement PSE ont été automatiquement décomptées comme ayant participé à un évènement.

3 – Ceci est également coherent avec les preferences exprimées en matières d’alliances politiques.

4 – Résolution du Parlement européen sur les partis politiques européens (2005/2224(INI)), 23 mars 2006.

5 – Ce rapport a été adopté en mars 2006, durant la “phase de réflexion” entre les votes négatifs de la France et des Pays Bas sur le projet de traité constitutionnel et la négociation du Traité de Lisbonne.

6 – On a proposal for a modification of the Act concerning the election of the Members of the European Parliament by direct universal suffrage of 20 September 1976 (2009/2134(INI)), 28 avril 2011.

8 – Résolution du PSE, « Choisir notre candidat commun en 2014 », adopté au Conseil du PSE le 24 novembre 2011.

Antoine Bargas