Quel futur pour une gauche européenne en Pologne ?

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C’est là une question sur laquelle les progressistes européens devraient à tout prix se pencher. Depuis plusieurs années, la politique polonaise suscite leur incompréhension et souvent leur inquiétude, du fait de l’effondrement des partis de gauche durablement discrédités, et de la force d’une droite nationaliste et fondamentaliste catholique incarnée par les frères Kaczynski.

Pourtant, mieux connaître la politique polonaise est une nécessité. Il serait illusoire de prétendre définir des stratégies à l’échelle de l’Union en faisant l’impasse sur l’un des plus grands pays du continent. Son économie est l’une des rares à n’avoir pas souffert de la crise. La cohérence de son gouvernement sur la scène européenne est reconstituée depuis 2007 et c’est un polonais qui préside le Parlement européen.

La Pologne est désormais au centre du jeu politique. La gauche socialiste et sociale-démocrate des 26 autres pays doit prendre conscience que l’avenir de ses homologues polonais déterminera aussi sa capacité à reprendre la main à Bruxelles et Strasbourg.

Cet article propose un aperçu de la scène politique d’un pays délicat mais dynamique. Il aborde le rapport de force électoral entre pro-européens et populistes pro-Kaczynski, la situation et la localisation du vote de la gauche, ainsi que certaines questions posées par le fort niveau d’abstention et les perspectives pour les prochaines élections législatives prévues en 2011.

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Un enjeu majeur et préoccupant pour la gauche européenne

En décembre 2010, le Conseil annuel du Parti socialiste européen (PSE) s’est réunit à Varsovie. On ose espérer que cela a été, pour les congressistes, l’occasion de se pencher sur la situation politique d’un pays mal connu par les grands partis de gauche des Etats membres historiques de l’Union européenne. À vrai dire, un tel effort de leur part est absolument nécessaire.

Quelles images avons-nous retenues de la scène politique polonaise ces dernières années ? Citons-en brièvement trois :

1) L’affrontement avec Jacques Chirac sur le thème « nouvelle Europe » contre « vieille Europe », lors du déclenchement de l’invasion de l’Iraq (2003). Alors même que le gouvernement polonais était dirigé par le centre-gauche postcommuniste (Alliance de la gauche démocratique, SLD), il était et reste naturel pour les citoyens de gauche de se sentir plus proche, sur cette question, des positions de l’ancien Président français. Et ce, malgré l’erreur politique majeure qu’était son arrogance à l’égard des Polonais. La suite de l’histoire et l’évolution de la situation en Iraq n’ont pu que renforcer ce sentiment.

2) Le passage au pouvoir (2005-2007) des très populistes jumeaux Kaczynski, fondamentalistes catholiques, et de leur parti Droit et justice (PiS), allié à d’instables partenaires encore plus extrémistes qui finirent par causer l’effondrement de leur gouvernement. Une image peu rassurante, d’autant plus que PiS semble jusqu’ici se maintenir comme l’un des deux grands partis en position de prétendre au pouvoir.

3) L’arrivée au pouvoir en 2007 du conservateur pro-européen Donald Tusk et le triomphe confirmé de sa Plate-forme civique (PO) à toutes les élections depuis lors. Outre le Premier ministre, deux hommes incarnent cette phase de l’histoire politique : Jerzy Buzek, le Président du Parlement européen élu en 2009, et Bronislaw Komorowski, récemment élu Président de la République. Qualifié de libéral par la presse, PO est pourtant membre du Parti populaire européen (PPE) et ses dirigeants sont des chrétiens-démocrates profondément conservateurs sur le plan social comme économique. L’estime relative dont jouissent les acteurs de cette « normalisation à droite » tient surtout à leur rôle de rempart par rapport aux excès de PiS.

Dans ces conditions, la politique polonaise suscite généralement de l’incompréhension, pour ne pas dire de l’inquiétude, chez les progressistes d’Europe occidentale.

Il est désormais urgent d’approfondir notre connaissance de ce pays. D’abord, car travailler en profondeur avec tous les membres de l’Union européenne est un devoir institutionnel et politique. Il serait illusoire de prétendre définir une politique à l’échelle de l’Union en faisant l’impasse sur cette nécessité. Ensuite, parce que la Pologne est un poids lourd en Europe. Avec 40 millions d’habitants, elle est le 5ème pays de l’Union, à égalité avec l’Espagne, et loin devant les suivants. Son économie est en croissance continue. Elle est l’un des rares pays à n’avoir pas souffert de la crise économique qui a éclaté en 2008. Sa cohésion politique sur la scène européenne est reconstituée depuis 2007 et confirmée par l’échec de Jaroslaw Kaczynski lors de l’élection présidentielle de 2010. Il n’est plus question de marginalisation ; la Pologne est désormais au centre du jeu politique européen.

Enfin, du point de vue de la technique institutionnelle, la Pologne dispose d’une représentation à la hauteur de sa taille au Parlement européen et au Conseil de l’Union. Il faut donc compter avec son gouvernement et avec ses représentants élus. Or, l’atonie actuelle de la gauche polonaise est un facteur de poids dans l’évolution structurelle qui met aujourd’hui les socialistes européens dans l’incapacité de prétendre à la première place au Parlement. En 2009, la gauche représente en tout et pour tout 7 des 50 députés européens polonais (Groupe Socialiste et Démocrate S&D), contre 28 pour le groupe conservateur PPE et 15 pour le groupe eurosceptique ECR.

Les législatives de 2007 : le début d’une stabilisation politique marquée par le cantonnement de la gauche dans un rôle second

L’installation d’un bipolarisme droite-droite

Les élections anticipées d’octobre 2007 avaient vu l’éclatante victoire de la Plate-forme civique (PO) et du pro-européen Donald Tusk, l’homme qui avait successivement perdu les législatives et la présidentielle de 2005. Avec 41,5% des voix, son parti réalise, à égalité avec l’Alliance de la gauche démocratique (SLD) en 2001, le meilleur score d’un parti politique depuis le rétablissement de la démocratie.

L’autre enseignement de l’élection est la survie de la gauche, menacée de ghettoïsation avec un score de 13,1% pour la coalition Gauche et démocrates (LiD) emmenée par l’ancien Président Aleksander Kwasniewski. Le SLD en reste la force la plus importante. 13,1% c’est à la fois important pour une tendance politique divisée qui aborde chaque élection en craignant de sombrer définitivement – ce qui valide ainsi l’hypothèse que sa réunification la sauve de la disparition (seuls les partis dépassant le seuil de 5% des voix ont des élus à la Diète) – et très peu pour un ancien parti de gouvernement isolé et sans allié potentiel.

Car in fine, malgré la défaite du parti des frères Kaczynski (PiS), l’élection peut se lire comme l’achèvement d’une bipolarisation de la vie politique entre les deux grandes tendances de la droite. En 2005, PO et PiS rassemblaient ensemble 51% des voix exprimées. En 2007, ils représentent plus de 73% des suffrages. L’antagonisme entre les deux partis, définitivement installé depuis leur refus de gouverner ensemble en 2005, est renforcée par la transformation de toute élection entre un choix pour ou contre le camp Kaczynski, conduisant à un recours massif au vote « utile » en faveur de PO. Inversement, la disparition électorale des alliés extrémistes de PiS (la Ligue des familles polonaises LPR et Autodéfense/Samoobrona, relégués hors du Parlement avec environ 1% chacun) consolide ce parti qui obtient un résultat supérieur à celui des élections précédentes avec 32% des voix.

Une forte détermination territoriale du vote

La première carte représente les zones de force des deux premiers partis, en fonction de leur ordre d’arrivée. Le bleu est la couleur de PiS, le orange celle de PO. Le paysage bipolaire qui s’installe est donc d’emblée très marqué territorialement. Il existe une division entre les zones du centre, de l’est et du sud-est dominées par le populisme catholique et tendanciellement anti-européen, et les régions de la Baltique, du nord-ouest et de l’ouest, ainsi que des métropoles, où les conservateurs pro-européens l’emportent très nettement.

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Dès 2007, la position des autres acteurs électoraux, et en particulier de la gauche, est également posée. Dans une certaine mesure, les zones de force (relative) de la coalition de centre-gauche LiD coïncident avec les régions dominées par le camp pro-européen. Cela n’est en soi pas une surprise, puisque les gouvernements du SLD, jusqu’en 2005, ont assuré la fin du processus d’adhésion de la Pologne à l’Union européenne, et assumé pleinement sa nouvelle appartenance à l’OTAN.

Néanmoins, il faut noter que la présence de la gauche, dès 2007, tend à s’éroder dans les grandes métropoles, ce qui est une différence notable avec PO. Si les scores de la gauche, et notamment de la fraction qui avait rompu avec le SLD – accusé de corruption – avaient été supérieurs à la moyenne nationale à Varsovie lors des élections législatives et municipales de 2005, les élections de 2007, marquées par le rassemblement de cette famille politique sous la domination du SLD, voient une inversion de tendance notable. La même situation est observable à Poznan et plus encore dans les villes industrielles de Silésie (sud) et à Gdansk.

Malgré le recul des petits partis, un quatrième acteur pèse dans le paysage électoral de 2007 : il s’agit du Parti du peuple polonais (PSL). Cette petite formation agrarienne,  membre du Parti populaire européen (PPE), a une histoire longue et complexe, y compris avant le communisme. Depuis 1989, il a servi de force gouvernementale d’appoint aussi bien au SLD que dans la période actuelle à PO. Il obtient des scores inférieurs à 10%, mais toujours suffisants pour lui assurer une représentation parlementaire. En 2007, il frôle 9% en s’appuyant sur le recul des anciens alliés d’extrême droite du PiS, dont l’implantation territoriale correspondait à la sienne : les régions rurales du centre-est du pays. Un des traits marquants de l’élection présidentielle de 2010 est l’effacement du PSL, dont le candidat n’atteint pas 2%. Il sera donc instructif de se demander comment ces voix, bénéficiant jusque là à un parti au positionnement ambigu, se répartissent.

La présidentielle de 2010 : la confirmation d’un état de fait

L’élection présidentielle des 20 juin et 4 juillet 2010 est elle aussi une élection anticipée. Elle fait suite au décès du Président Lech Kaczynski et d’un nombre impressionnant d’élus et de personnalités de haut rang lors du crash de l’avion présidentiel en avril dernier.

Depuis de nombreux mois, il apparaissait que le Président sortant, candidat à sa réélection, s’acheminait vers une très lourde défaite dès le premier tour. Le premier ministre PO, Donald Tusk, avait fait le choix de ne pas se représenter et de laisser la place à Bronislaw Komorowski, Président de la Diète depuis 2007 et Président par intérim depuis la catastrophe aérienne, conformément aux règles constitutionnelles. Rapidement, le frère jumeau du Président défunt et ancien premier ministre, Jaroslaw Kaczynski, se lance dans la bataille. Dans un climat chargé d’émotion nationale, il va effectuer une remontée rapide au point de raviver le suspense dans la ligne finale de la campagne. Néanmoins, PO réussit finalement, 5 ans après sa double défaite de 2005, à achever sa revanche en assurant l’élection de son candidat avec un peu plus de 6 points d’écart.

La lecture des résultats

Le premier constat qui s’impose est que la configuration de la campagne électorale a permis de consolider le bipartisme droite-droite, élaboré en 2005 et confirmé en 2007. Le score de PO au premier tour est rigoureusement identique à celui obtenu lors des législatives (41,54% contre 41,51%). Avec 36,46%, le candidat de PiS améliore lui de plus de 4 points le score de son parti. Le total des deux premières formations politiques grimpe donc encore à 78% des voix exprimées.

Les zones de force des deux partis rivaux restent relativement inchangées et les évolutions régionales atypiques (nettement différentes des évolutions moyennes nationales) sont rares. Il faut cependant noter la spécificité de la région de Mazovie, qui englobe Varsovie.

La capitale elle-même – dont Lech Kaczynski avait pourtant été le premier magistrat de 2002 à 2005 – reste indiscutablement un fief du camp pro-européen, ce qui sera confirmé au mois de novembre par la réélection au premier tour de sa maire PO, Hannah Gronkiewicz-Waltz, avec 53,3% contre seulement 23,3% au candidat PiS. Malgré cela, la région qui entoure la capitale connaît une évolution contraire, puisque sur l’ensemble de la Mazovie, PO perd près de 3 points en 3 ans alors que PiS en devient le premier parti en gagnant près de 7 points, à 40,5%. Il y a donc inversion par rapport aux législatives, une inversion confirmée de peu au second tour de la présidentielle par les 50,6% de Jaroslaw Kaczynski. La région de Lodz connaît une situation en tous points similaire, avec la même opposition entre ville-centre et périphérie.

En réalité, cette opposition entre ville et zones rurales permet de tempérer l’idée d’un renversement de tendance complet, de 2007 à 2010, dans ces deux régions. Si on se réfère à la carte de 2007, plus précise, on se rend compte qu’en prenant pour référence des circonscriptions plus petites, les zones de force de PO et de PiS sont globalement restées les mêmes.

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En ce qui concerne les autres forces politiques, le PSL s’effondre, son candidat obtenant 1,75% des voix. En revanche, le candidat du SLD, Grzegorz Napieralski, réussit à rééditer le score de la gauche en 2007 et l’améliore même d’un demi-point (13,7%), alors même qu’il avait commencé la campagne électorale avec des sondages bien moins favorables. Du coup, son score, qui représente l’essentiel des reports de voix potentiels pour le second tour, a été abondamment commenté, de même que son refus de prendre clairement position.

De manière très intéressante, le candidat du SLD fait évoluer le score de son parti de manière différente selon les régions. Il gagne jusqu’à 3 points dans certaines régions, notamment à l’est du pays (mais pas en Podlasie, par exemple), et peut ailleurs perdre jusqu’à 3 points. Même si les zones de force de la gauche continuent de se situer majoritairement à l’ouest du pays, la coïncidence avec les zones pro-européennes n’est pas parfaite. De plus, cette coïncidence disparaît tout à fait si on prend en considération non pas le score, mais l’évolution des résultats du parti. En fait, les plus fortes progressions du SLD se superposent généralement à des progressions particulièrement notables de PiS.

Une étude de la région de Mazovie/Varsovie permet d’émettre une hypothèse explicative forte, qui est par ailleurs confirmée dans d’autres régions. C’est la quasi-disparition du vote PSL, qui, à participation constante ou presque, a abouti au renforcement de la gauche comme de l’extrême-droite, principalement dans le centre-est et le centre-sud du pays.

Ainsi, dans la capitale elle-même, le PSL, représentant les campagnes, a toujours été marginal (2,3% en 2007, 0,7% en 2010), et n’a donc perdu qu’un nombre limité de voix. Or, la gauche subit un nouveau recul en passant de 12,7% à 10,6% en trois ans, alors que PiS connaît une progression d’un peu plus de deux points (plus de 4 au niveau national).

En revanche, si l’on considère l’ensemble de la Mazovie, le PSL est à son niveau national de 9% en 2007 et atteint jusqu’à 20% hors de la capitale. Il tombe à 2,3% en 2010. Il s’agit donc d’une chute vertigineuse, représentative de sa situation nationale. Or, dans cet ensemble géographique, PiS progresse de 7 points, soit plus que sa moyenne nationale, alors que le candidat de gauche progresse de 10,6% à 11,4%, inversant complètement l’évolution constatée à Varsovie, et ce alors même que la capitale représente près de la moitié des électeurs exprimés de la région.

C’est donc le ralliement d’une partie des électeurs du parti agrarien, notamment dans les zones de force des eurosceptiques, qui a permis à la gauche de se maintenir, alors que son implantation urbaine a eu tendance à s’affaiblir un peu plus1. Dès lors, il faut relativiser un peu plus le succès que constituerait le score du candidat Napieralski, même s’il a fait mentir une nouvelle fois ceux qui annonçaient un naufrage électoral. Les élections locales de novembre 2010 ont d’ailleurs déjà montré que le PSL pouvait reprendre du poil de la bête dans des élections d’une autre nature que la présidentielle, au point de disputer au SLD son rôle de troisième force politique nationale.

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L’abstention massive : une variable considérable

La participation électorale en Pologne est faible. Faible, comparée à la plupart des pays d’Europe occidentale. Pour autant, il ne s’agit pas d’une atonie générale, ni encore d’une stagnation désespérante.

Ainsi, les élections législatives anticipées de 2007, occasionnées par la chute de l’instable coalition du Premier ministre Jaroslaw Kaczynski, avaient été l’occasion pour les Polonais de doublement retourner aux urnes. La participation, à 53,9%, peut sembler faible en regards des chiffres enregistrés dans d’autres pays. Pourtant, ils battent en effet un record pour des élections législatives polonaises et ils inversent de surcroît une tendance à la hausse de l’abstention, qui frôlait 60% lors des législatives précédentes de 2005.

La présidentielle de 2010 a été l’occasion d’une participation voisine (54,9% au premier tour et 55,3% au second tour), qui favorise la comparaison des résultats entre les deux scrutins. Là également, il s’agit d’une confirmation bienvenue d’un retour à une participation majoritaire : en 2005, la participation avait été de 49,7% au premier tour et de 51% au second tour. Tout au long de ces séquences électorales, et même si les élections se sont jouées entre deux conservatismes rivaux, il est réconfortant de constater que la consolidation du camp pro-européen s’appuie sur une participation plus ferme.

Avec des taux d’abstention catastrophiques, les scrutins européens confirment néanmoins une tendance à un regain de civisme, la participation d’à peine 25% de l’électorat en 2009 correspondant cependant à une hausse de 5 points en 5 ans.

Par ailleurs, la participation électorale varie considérablement selon les régions, et qu’elle est plus forte dans les parties urbanisées et économiquement motrices du pays. Pour l’illustrer, il suffit de mentionner quelques deux exemples en se basant sur les élections de 2007. La voïvodie d’Opole (sud-ouest), d’une population d’un million d’habitant et dont la préfecture est relativement peu peuplée, a connu un taux de participation de 45,5%, descendant au dessous de 40% dans certaines zones péri-urbaines et rurales (mais de 61,7% dans la préfecture). Il faut noter que cette voïvodie vote pour le camp pro-européen. Dans le même temps, la participation atteignait 73,4% à Varsovie, également fief du camp pro-européen et de PO.

Des contrastes similaires ont pu être observés lors des élections présidentielles de 2010, même si l’écart entre Varsovie et la moyenne nationale s’est légèrement réduit du fait d’une baisse relative de la participation dans la capitale (66,9%).

 

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Il faut espérer que la consolidation européenne du pays et sa santé économique contribueront à maintenir la tendance à une hausse générale de la participation. Les derniers scrutins ont été marqués par des alternatives claires, correspondant à des choix nationaux et internationaux engageant l’avenir du pays.

Une fois ces choix acquis, et désormais confirmés, il reste à savoir si les mobilisations autour de choix sociaux et économiques majeurs ainsi que d’une vision plus laïque de la société pourront, dans l’avenir, accentuer l’amélioration du civisme électoral.

Le camp de la droite pro-européenne ne peut incarner ces exigences laïques et sociales, quelle qu’ait été son utilité pour faire barrage aux frères Kaczynski, et malgré les voix minoritaires qui s’y élèvent aujourd’hui contre l’omniprésence des valeurs religieuses.

Il semble que c’est un grand défi pour le SLD, tant son discrédit doit encore être dépassé. C’est cependant une opportunité, pour une gauche reconstruite et dirigée par une génération nouvelle, moins soupçonnable de compromissions à l’époque communiste, d’élargir son espace politique et de retrouver un rôle à la hauteur des enjeux, de redevenir une force d’alternance. En représentant à la fois un libéralisme social et des politiques plus sociales, elle pourrait également dépasser le clivage territorial qui s’est dessiné ces dernières années, à condition de reprendre pied dans les grandes villes.

Il s’agit là d’un enjeu majeur de politique interne à l’Union européenne. La gauche socialiste et sociale-démocrate des 26 autres pays doit prendre conscience que l’avenir de ses homologues polonais déterminera aussi leur capacité à reprendre la main à Bruxelles et Strasbourg.

Note

1 – S’il est vrai que le SLD remonte à 13,5% aux municipales avec la candidature de son jeune ancien leader Wojciech Olejniczak, ce serait oublier qu’en 2005, la candidature de Marek Borowski avait recueilli plus de 20% des voix et que son soutien avait été nécessaire pour faire pencher la balance en faveur de PO, un rôle devenu caduc en 2010 avec la réélection de la maire sortante au premier tour.

Joël Le Deroff

Co-responsable de EuroCité Bruxelles - Pôle « Analyses électorales » Joël joined ENAR in September 2014. He previously worked for 5 years as Senior Policy & Programmes Officer with ILGA-Europe, the European region of the International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association, where he led advocacy strategies on policies and legislation related to equality, hate crime and asylum at OSCE, Council of Europe, EU and national levels. He also managed projects supporting national and local civil society organisations to build and reinforce their capacities. As an activist, Joël was one of the founders of Rainbow Rose, the network of European lesbian, gay and trans social-democratic activists. From 2006 to 2009, he worked as a civil servant in the French Employment and Social Affairs Ministries. Joël holds a Masters Degree in European Geopolitics and International Economy, as well as a Bachelor in History and Arabic language.